ESSOUFFLEMENT DE L’ATTRACTIVITÉ ET DÉFIS DE L'INCLUSION : VERS DES MÉTROPOLES HOSPITALIÈRES ?
L’attractivité a longtemps constitué le graal de l’action publique métropolitaine, qu’elle soit démographique ou économique. Mais plusieurs signaux émergent pour souligner les risques et les effets pervers possibles de cette course à la croissance, aux dépens des impératifs d’inclusion sociale. D’un objectif impératif, l’attractivité métropolitaine est en passe de devenir un objet de controverse, voire de conflits. Simultanément, un enjeu croissant réside dans l’organisation de la métropole du quotidien, en veillant en particulier à ce qu’elle reste ou (re)devienne une métropole « hospitalière », en capacité de bien accueillir toutes les catégories sociales qui y vivent ou qui y viennent.
Alors les métropoles peuvent-elles être envisagées comme des espaces-temps et des modes de vie inspirants pour celles et ceux qui visent à promouvoir les qualités et valeurs de l’habitabilité, de l’ouverture au monde et de l’hospitalité ? Sans revenir à l’antienne de l’opposition entre « concurrence et cohésion » qui s’est parfois nommée « entre attractivité et solidarité » mais en mettant en avant des enjeux de ce que la maximisation de l’urbanité permet.
Il y a trois ans, le colloque conclusif de POPSU 2 permettait de tenir un atelier dédié à la « métropole friendly », transformé dans les derniers temps en « ville accueillante » : le vocable on le voit était peu stabilisé. Sommes-nous mieux équipés, trois ans plus tard, pour différencier métropole friendly, métropole inclusive, métropole hospitalière ? La focalisation sur des populations spécifiques, migrantes notamment ne doit pas laisser de côté une acception plus large des populations et publics populaires qui sont souvent des métropolitains sans le savoir, précisément en raison d’une histoire récente qui a construit la norme métropolitaine comme celle que représentent notamment les « emplois métropolitains stratégiques ». A cet égard, si métropole hospitalière il peut y avoir, ce n’est pas sans une déconstruction radicale des mots de l’attractivité économique.
Cet atelier pourrait explorer la portée possible de la notion d’habitabilité (cf. « les sans mots de l’habitabilité et de la territorialité » dir. Fourny, Lajarge) : peut-elle être synonyme de métropole au quotidien et pour quelles actions publiques ou quelle coproduction de biens publics ? Y a-t-il place ici pour un ré-examen d’un néo-municipalisme s’exerçant à une nouvelle échelle ? Comment la penser pour des habitants actuels et potentiels ? Comment par exemple installer et / ou préserver de la diversité (l’une des deux composantes de l’urbanité, faut-il le rappeler ?) afin d’éviter un devenir « clubiste » d’une démocratie de proximité qui se traduirait en une juxtaposition de villages urbains souvent fantasmés ?
Enfin, des espaces particuliers des métropoles ne doivent-ils pas être revisités ? Des interstices, espaces d’entre-deux, lisières ont souvent été des lieux importants du brassage métropolitain, des aiguillons du devenir de la société. Tout en nous préservant d’anachronisme, songeant à la figure et la place du Hobo dans le sud du loop de Chicago des années 1920, en rien comparable au homeless de la fin du XXème siècle, mais qui incarne à la fois marginalisation et autonomie (relative). Aujourd’hui, qu’est-ce qui se joue dans des espaces-temps où se manifeste de la prise en charge d’affaires communes, songeons à l’alimentation par exemple ? Quelles innovations sociales sont-elles apparues à l’occasion de la crise pandémique[1] ?
[1] Cf. https://nantesinnovationforum.fr/le-programme/ et notamment l’atelier « innover en zone de turbulence »